Rest in peace feat Josephyne Hawkins

Bien que la météo soit douce, la journée allait être quelque peu déprimante. En effet, Hana venait d'apprendre une bien triste nouvelle. Mary, une femme d'une soixantaine d'années, certainement la doyenne du camp, était décédée. Cette nouvelle avait quelque peu refroidie la quarantenaire. Pourtant, aucune larme n'avait perlée l'une de ses joues. Seuls ses sourcils s'étaient rejoins, feignant cette émotion qu'était la tristesse.La personne qui avait veillée sur Mary s'était chargée de faire en sorte qu'elle ne se réveille pas. Au moins, Hana était rassurée de ne pas lui avoir infligé cela. Même si Mary s'était éteinte d'une longue maladie, elle n'aurait pas eut l'audace de lui planter un objet pointu dans le crâne pour l'endormir à jamais. Non, elle n'aurait certainement jamais pu lui faire ça. Même si ça avait été le voeu de la vieille dame.

Assez peinée, l'asiatique vint chercher Josephyne Hawkings, pour l'avertir de la nouvelle. L'ancienne agent immobilier avait hésité à lui apprendre cette morbide information. Mais il fallait enterrer cette vieille femme avant qu'elle ne pourrisse. De plus, la porter à l'aide de ses simples bras, elle ne l'aurait pu. Par ailleurs, la silencieuse femme était moins sûre que certains membres l'auraient aidé avec douceur. La brune avait apprécié cette femme, voir son corps se faire maltraiter avec violence l'aurait rendue encore plus apeurée par cette situation. Surtout qu'elle avait eut vent que quelqu'un avait décidé, pour une plus grande facilité, de faire tomber les corps du haut de l'escalier. Comme les corps ne sentaient plus rien, et que c'était plus rapide, sa méthode avait été accepté par certains.

C'est pourquoi, elle avait prié qu'on la laisse s'occuper du corps en question. La brune s'était précipitée là où logeait Josephyne, espérant l'y trouver pour lui demander de l'aide. Hana s'était arrêtée juste avant de frapper, tentant de trouver ses mots par avance. Quelle tournure de phrase employer ? Fallait-il tout dire d'un seul coup ? Préparer le terrain ? Choisir un entre-deux ? Après quelques instants à songer à la manière d'annoncer la mort d'un proche, elle décida de toquer à la porte de celle-ci, par trois petits coups et s'éloigna quelque peu de la porte.

Lorsqu'elle vit cette tête bien connue elle chuchota ces quelques mots.


Hana faisait sa tête des cas urgents. C'en était pas vraiment une, puisqu'un mort restait mort. Mais elle était pressée d'en finir avec cette tâche ardue. De même, revenir rapidement enterrer Mary était primordial pour qu'elle soit sereine. Si elle n'était pas assez rapide, d'autres s'en chargeront, avec plus ou moins de délicatesse. Elle attendait patiemment, en apparence sa compère. Lorsqu'elle eut son attention elle lâcha l'information.


Elle n'avait aucune idée de si Josephyne voulait montrer sa tristesse à la gamine qu'elle avait recueillie. C'est pourquoi, elle avait préféré le dire dehors, sans elle. Et puis, réagir à la mort d'un proche, enfin d'un membre de leur groupe, c'était quelque chose qui pouvait chambouler un être humain. C'est pourquoi, elle avait tenté d'atténuer ses propos. Ils pouvaient certes porter à confusion, mais l'ancienne agent immobilier pensait que la jeune femme était capable de savoir qu'elle n'aurait pu s'en aller seule dans son état.


Peut-être que ses paroles allaient achever la brune en face d'elle. Peut-être qu'elle allait se résigner. La quarantenaire espérait qu'elle ne refuserait pas cette demande. C'était le dernier geste qu'elles pouvaient avoir toutes les deux envers cette vieille femme.

Hana répondit par la négative à Josephyne. Elle n'en savait rien après tout. Valait mieux mentir que de dire une réponse qui prolongerait la peine. Si Mary était partie durant son sommeil elle se doutait que celle-ci n'aurait pas souffert. Enfin, si on ne souffrait plus après.

Puis arriva Brittany, ce fut comme une apparition. L'asiatique la trouvait toute choupie. Bien que leur monde ait de façon assez soudaine basculé dans un autre monde, la petite semblait s'en être accommodée. L’acclimatation à une nouvelle ère allait bien plus rapidement chez ces petits bouts de chou. Ou peut-être feignaient-ils cette facilité déconcertante à assimiler tout rapidement. Elle accompagna par la suite la petite et Josephyne jusqu'à l'école de fortune. Au moins, l'éducation n'était toujours pas morte ici malgré une violence exacerbée. C'était assez paradoxal de vivre dans un tel monde. Tout comme voir cette tendresse entre cette mère de substitution et cette adorable petite fille. C'était l'une des raisons pour lesquelles Hana, s'était posée la question à elle-même. Avait-elle réellement envie de partir alors qu'il y avait ces traces d'un bonheur retrouvé? Toutefois, l'ambiance tout autour lui montrait tous les points négatifs de Monroe. Un chef, cette arène, cette violence, ces kidnappings,... Comment pouvait-on se satisfaire d'une vie faite ainsi ? La brune regarda les enfants aller dans l'établissement dédié à l'enseignement des chérubins.
Josephyne lui posa une question. Elle attendit un moment, et lui répondit:


Voilà la véritable raison pour laquelle l'américaine avait demandé de l'aide à la jeune femme, elle n'était pas Hercules ou même Achille. La brune se voyait en très mauvaise posture en étant seule à porter Mary. Loin d'être en surpoids, plutôt maigre en vérité, certainement causé par la vieillesse la maladie ou encore les temps durs, celle-ci devait peser moins qu'il y avait un an ou deux. Elle marcha dans la direction opposée à l'école, celle où se trouvait l'endroit où dormait d'un sommeil impassible Mary.


Point de plaisanterie, elle aurait été de très mauvais goût. De plus, la quarantenaire se voyait mal d'avoir de l'humour dans un tel moment. Elle ne se sentait pas assez en sécurité pour pouvoir en faire une, même une simple. Elle avait simplement énoncé un point pratique. On pouvait penser que c'était assez froid, dit sans aucun sentiment de tristesse. Il n'en était rien. Les moyens dans ce groupe étaient loin d'être absents. Néanmoins, elle ne voyait pas son groupe détenir une voiture de pompes funèbres avec un cercueil en marbre pour le repos de la pauvre Mary.

Elles arrivèrent vers l'endroit dit elle mena Josephyne jusqu'à Mary. Quelqu'un avait eut la décence de fermer ses yeux. Ou celle-ci était morte durant son sommeil. Elle laissa un moment la jeune femme regarder le corps mort de l'ancienne vivante. En observant cette femme âgée, elle eut un court souvenir de cette femme. Un souvenir agréable où celle-ci mettait des draps qui avaient cette odeur spéciale. Une odeur qu'elle ne sentirait certainement jamais. Un secret qui serait enterré dans sa tombe, ou du moins sous terre. Hana ne savait pas pourquoi ce moment, qui semblait sans grande importance, lui était venu à l'esprit. Peut-être simplement l'idée de voir le sourire satisfait de cette femme effectuant ce travail ? Elle regarda peu après la jeune femme pour lui adresser la parole.


Pas une minute à perdre, Hana était déjà prête à saisir la femme au visage raidie par la vieillesse et certainement par la fatigue. A moins qu'elle n'ait vieillit plus rapidement durant cette pièce d'apocalypse.

La réponse de la jeune femme ne lui déplaisait point. Enfin, la seule réponse qui lui aurait déplut aurait été celle d'un désaccord profond. Ou d'un abandon soudain voir d'une excuse bidon pour éviter la tâche ou plutôt le coup de main qu'avait demandé Hana à Josephyne.

Hawkins commenta par la suite. Hana n'était pas aussi sûre de cela. Selon elle, maigre comme elle était, c'était loin d'être celle avec le plus de force. Hana savait que les forces quelques fois lui manquaient. Peut-être à cause de la faim ? Non, c'était la peur. La peur prenait l'emprise de ses mouvements, presque de ses émotions. Elle la paralysait et  petit à petit, celle-ci semblait prendre possession de tout son corps, de toute l'essence de vie qu'il y avait en la quarantenaire.


Enfin, c'est ce qu'elle tentait de faire. Oui Mary était loin d'être un poids lourd, mais loin d'être un poids plume aussi. Ce qui était tout à fait normal. Toutefois, elle semblait plus légère que ce qu'avait imaginé l'asiatique. Afin d'aider sa compère, elle la guida quelque peu à coups de «Plus à droite», «Oui», «Vers la gauche...» Toutefois, Hana la laissa gérer pour l'escalier, ce qui était plutôt étonnant. Mais voyant Josephyne bien s'en sortir, et ne l'imaginant pas faire la zouave avec un cadavre, elle la laissa faire.

Finalement, la tâche la plus ardue, celle de descendre le corps de Mary par les escaliers, avait été réalisée avec un franc succès. Mary était toujours en un seul morceau. La brune regarda intensément la vieille femme avant de répondre  à son acolyte.


Il fallait dire qu'il n'y avait pas foule de mort de leur côté. On n'enterrait pas les insomniaques avec les leurs. Il y avait cette espèce de différence entre ces personnes déjà mortes depuis un temps où les humains considéraient qu'ils ne faisaient plus partis de leur groupe, et les morts récents, assez pour avoir jouï d'une condition humaine supérieure.

Les mains de l'ancienne agent immobilier tinrent les bras de la brouette. C'était elle qui ferait rouler celle-ci. Sans se presser, doucement, sans se hâter vers la dernière demeure de Mary.


Elles trouveraient bien une place pour Mary, après tout, la ville de Monroe était grande, immense semblait-il pour notre asiatique. Surtout pour une ville qui se défendait assez bien par rapport aux insomniaques. Ce qui était assez impressionnant. Mais était-elle aussi bien protégée parce qu'il régnait un sentiment permanent de peur, d'une menace pesante de la mort pouvant être infligée par une morsure ou par les propres habitants de Monroe ? A moins que les deux ne soient liées.

Arrivée vers le cimetière, Hana s'arrêta, vérifiant que la brouette n'allait pas se renverser d'un coup. Elle regarda où il pouvait y avoir de la place, mais elle ne savait pas où aurait bien voulu être enterré Mary. Peut-être que la jeune femme saurait bien mieux qu'elle. Peut-être même qu'elles en avaient discuté. Après un moment de silence, elle commença à lui poser une question.


Elle fit demi-tour, essayant de deviner où cette vieille femme aurait voulu se reposer. Ce n'était certainement pas ici qu'elle aurait voulu se retrouver. Dehors, c'est ce qu'elle aurait souhatité par-dessus tout pensait Hana. Mais l'enterrer dehors, ça aurait été plus que compromettant et dangereux. Et aucun des membres des Black Swans n'aurait aimé ce geste. Hana était loin d'être le personnage d'Antigone dans la pièce d'Anouilh.


En vérité, rien ne lui semblait assez beau pour Mary. Cet espace, ce lieu, ces gens, même leurs vêtements. Et les proches de Mary où étaient-ils ? Au final, il n'y avait qu'elles pour cette vieille dame. Elle était morte seule, dans un lit, malade en vivant un temps où leur chef les tyrannisait. L'asiatique trouvait ça atroce de mourir sans personne à ses côtés, sans sa famille, ses proches, tout ceux qui pouvaient lui être cher. Ce petit comité était loin de la réjouir entièrement. Certes, c'était un entourage très restreint mais qui s'inquiétait au moins de cette femme. Les insomniaques, eux, n'avaient pas cette chance.