ABEL & JOE :: La chute des BS

Plaquée au sol, elle se sentit impuissante face à ce qui se passait autour d'elle, en particulier pour Abel. Malheureusement pour Josephyne, elle devait de débarrasser de cet homme qui n'allait certainement pas la laisser tranquille aussi facilement. D'un geste rapide, elle fut capable de retirer son sac à doc et à se rouler face contre terre pour prendre appuis sur ses mains pour se relever. Mais son assaillant était déjà face à elle, l'agrippant fortement par le col arrière de son manteau pour l'attirer à l'écart des autres. D'un geste, il ouvrit de force la porte d'un commerce condamné et les fit entrer tout les deux, balançant la jeune brune au sol. Ce regard, elle n'avait pas besoin de mot pour le décrire. Tel un prédateur, il s'avança d'elle d'un pas franc, s'agenouilla au-dessus elle pour la retenir au sol tout en baladant ses mains par-dessus ses vêtements. Dégoûtée, Josephyne se débattit du mieux qu'elle pouvait, mais l'homme était plus fort qu'elle. Voulant donc économiser ses forces, elle se contenta de rester immobile, prête à accueillir ses lèvres écœurante près de son visage. C'est alors sans crier gare qu'elle lui assainit un violent coup à la tête, le faisant ainsi basculer à côté d'elle. Rapidement, elle prit le dessus et sortit de sa manche le couteau qui avait tombé lors de la bataille entre Kane et Abel, qu'elle s'était aussitôt emparé. Sans trop réfléchir, elle entra la lame dans la jugulaire de l'homme, encore et encore, le sang se projetant sur son visage. C'était elle ou lui.

Je perds le fil de ce qu’il se passe. Mes yeux se couvrent de sueur et de sang ne me permettant plus de capter correctement mon adversaire. J’entends la bataille entre Josephyne et l’inconnu qui s’éloigne ne sachant ce qu’il se passe exactement. Je pose ma main sur le visage du borgne pour tenter de l’éloigner, mais il parvient à me faire une clef de bras pour me maîtriser.

Il me retourne complétement, son avant-bras contre mon cou, je sens mon souffle qui peine, qui se coupe, et le manque d’oxygène commence à faire effet. Je parviens toutefois à me libérer de son étreinte en donnant un coup de coude entre ses jambes.

Il me relâche assez pour que je tente de reprendre le dessus. Mes dents se plantent dans son avant-bras et je le mords avec tant de puissance, arrachant un bout de peau et de chair que je recrache. Il me libère complétement. Me repousse même. Je me retrouve à quatre pattes, tentant de ramper vers mon fusil.

Il se relève, s’approche de moi et me donne un coup dans les côtes, me faisant basculer sur le côté. Il recommence. Encore et encore. Peu à peu, je perds connaissance, en proie à un funeste destin.

Elle n'avait plus réellement contrôle de ses actes, laissant sa colère parler pour elle en assénant coup après coup dans la jugulaire de cet homme ignoble. C'était elle ou lui et Josephyne n'était pas prête à se laisser faire aussi facilement. Un grognement se faufila entre ses dents bien serrées, sentant cette rage faire surface en elle pour la première fois. Cela dura un bon moment avant la jeune femme réalise la situation, se calmant peu à peu en voyant tout ce sang qui s'échappait de l'homme et qui maintenant la recouvrait. Elle venait de le tuer. L'adrénaline toujours bien présente, elle reprit tranquillement son souffle tout en se relevant en empoignant l'arme de son assaillant à sa ceinture et en extirpant le couteau de sa gorge pour le rendre à son propriétaire. Regardant une dernière fois le corps de l'homme, elle s'empressa de sortir du bâtiment, se retrouvant maintenant face à face à l'horreur. Kane avait le dessus sur Abel et le coeur de Josephyne se serra si fortement qu'elle cru qu'il allait s'arrêter. Sans trop réfléchir, elle s'approcha de quelque pas avant de se stopper et de lever l'arme vers eux. À peine elle eut le temps de souffler que le coup partit. Le son résonna à ses oreilles si fort qu'elle cru ne plus rien percevoir autour d'elle. La belle resta figée face à son geste.

Allongé sur le flanc, sentant ce liquide chaud et ferreux s’échapper de mes lèvres, les yeux mi-clos, inanimé, je ne vois pas ce qui se passe autour de moi. Les coups ont cessé. Suis-je mort ? Je dois l’être je pense. Ou pas loin. Ce boxeur s’est vengé et a compris qu’en combat à la loyale, il ne faisait aucunement le poids. Il m’a eu en traitre.

Je tente de rouvrir les yeux lorsque je vois l’immense silhouette s’effondrer au sol. Affaibli, je lève mes iris -ou plutôt la seule fonctionnelle- vers Josephyne. Elle est figée. Qu’a-t-elle fait ? Pourquoi ne bouge-t-elle plus ? Je tends une main tremblante vers elle et la pose sur sa chaussure avant de basculer de nouveau dans l’inconscience.

Josephyne était paralysée par ce qu'elle venait de faire, ce geste impardonnable qu'elle venait d'omettre contre cette personne qui pourtant n'avait rien de bien au fond de lui. Malgré le geste qui servit à sauver son amour, Abel, la belle se sentait écœurante, salit par cet acte qu'elle faisait pour la première fois. Elle n'avait jamais tué quelqu'un, alors qu'en seulement dix minutes elle venait d'enlever la vie à deux hommes. Le silence planait autour d'elle, aucun son semblait vouloir parvenir à ses oreilles alors qu'elle était bien perdu dans son esprit. Ce n'est que peu à peu qu'elle revint à elle, son regard se posant sur les deux hommes qui se trouvaient au sol, dont un qui roula à côté d'Abel. Kane, son tortionnaire et son bourreau était maintenant mort. La main de du militaire qui se posa sur le bout de sa botte la fit revenir totalement, constatant la gravité de la situation. Il était dans un sale état et le coeur de Josephyne se serra
en le voyant. Aussitôt, elle se pencha près de lui et l'aida à se retourner pour qu'il lui fasse face. "Chéri ? Hey... Mon amour reste avec moi." Sa voix se faisait chétive par l'insécurité qui l'envahissait. En douceur, elle passa une main sur le visage de l'homme, retirant cette saleté et ce sang qui le recouvrant. "Je t'aime Frosty... j'ai besoin de toi. Donc l'faut que tu t'lèves..." Au moment qu'elle prononça ces mots, un brouhaha se fit entendre non loin et se dirigeant vers eux. Le coup de feu avait alerté les habitants.

Je parviens à rester éveiller lorsqu’elle me tourne sur le dos. Elle prend son visage entre mes mains. Un sifflement dans ma respiration se fait entendre. Rien de bon n’est à envisager pour la suite. Et son inquiétude… Non. Je refuse. Elle a besoin de moi. On doit s’en tirer tous deux. Je me redresse difficilement et lâche un " C’est… C’est bon, ça va… " Je déglutis encore plus difficilement et me relève tant bien que mal. Je m’approche de mon fusil au sol que je récupère, rattachant la bandoulière. Boitant vers Josephyne, avisant son visage et offrant le mien en contemplation.

L’œil boursouflé, un bleu à venir au coin des lèvres, du sang s’échappant de mon nez. Et mes côtes qui me font tout autant mal que mon genou. Je boite de nouveau vers la porte en lâchant un " Faut qu’on avance… " Ma mâchoire se resserre. Je veux vite en finir. Vite fuir cet enfer qui ne fait que salir nos âmes. Vite retrouver ses bras à l’abri de la prison.

"T'es certain d'être en état ?" Sa voix se faisait toujours tremblante alors que Josephyne avait toujours cette adrénaline en chute libre en elle. La belle le suivit jusqu'à la porte de l'établissement où ils devaient tous deux entrer. Cette petite bataille les avait retardé dans leurs recherches et peut-être même fait fuir leur "colis". L'arme toujours bien serré dans sa main droite, elle récupéra son sac au passage avant de porter son attention sur l'homme qu'elle aime. Il était dans un sale état et elle avait cette envie soudaine de craquer, de fondre en larmes, mais c'était loin d'être le moment et lieu pour cela. Elle ravala donc ses larmes et se força un sourire. D'un geste rapide, Josephyne attrapa la poignée et ouvrit cette porte pour les faire tous les deux entrer avant de refermer derrière eux.

La pièce était vide, pas un enfant s'y trouvait, mais un bruit attira son attention au fond de la pièce. Une silhouette se trouvait caché derrière le grand bureau de l’enseignant. Était-ce l'adolescente qu'ils devaient extirper des mains des Black Swans ? Doucement, Josephyne s'avança vers le bureau, essayant de ne pas faire un mouvement brusque. Une fois près, elle la vit. C'était bien elle. Un sentiment de soulagement s'empara de Joe à la simple vue de la petite. "Hey ! T'as pas à avoir peur. Nous sommes là pour te sortir d'ici, retrouver ta mère."

Je ne suis plus en état pour tout ça. Pour cette merde. Mais je n’ai pas le choix. Il le faut. Pour Josephyne. Pour la prison. Cet avenir en commun que je veux nous construire. J’inspire et expire à chaque pas. " Il le faut… " Je couvre ses arrières, chancelant, faisant de mon mieux pour ne pas être un fardeau. Josephyne ouvre la porte et entre dans la pièce avant que je ne puisse la sécurisé. Je rentre après elle, alors qu’elle s’approche du bureau et tente de rassurer quelqu’un.

Je cale mon épaule contre le tableau, profitant de ce moment de sécurité pour m’improviser une attelle à la jambe à l’aide de ma ceinture. Je la resserre à fond et grogne avant de me décoller du mur. Je me rapproche de la fenêtre et avise l’extérieur et lâche un " Faut pas qu’on traîne. " Des types découvrent déjà les deux cadavres derrière nous. Je me rapproche du bureau et me penche au-dessus de celui-ci. " Petite, si tu veux revoir ta mère, c’est maintenant où jamais. On va t’amener en sécurité. "

Elle essayait de rassurer le jeune fille du mieux qu'elle le pouvait, avec les mots qui avaient du mal à trouver un chemin jusqu'à ses lèvres. Elle n'avait pas l'habitude de rassurer quelqu'un, mais elle avait su trouvé son expérience avec cette douce enfant qu'elle avait prit sous son aile. "Je te promet qu'avec nous tu ne risque rien." c'était peut-être trop vite parlé, mais elle n'avait aucune idée des arguments lui donner pour qu'elle accepte de leur faire confiance.
Son inquiétude pour son amour, son état qui était bien loin d'être bon, rendait Josephyne anxieuse et craintive face à ce qui pouvait arriver dans les prochains instants. Comment allait-elle pouvoir garantir la sécurité de la petite si Abel n'était plus du tout en état de se battre contre ces hommes armés ?
Son regard se porta sur lui lorsqu'il s'approcha d'elles, un pincement s'emparant de son coeur en entendant sa voix et ses recommandations. Il n'avait pas tord, ils ne devaient pas traîner. Josephyne fut capable de lire dans le regard de l'homme que quelque chose était en train de se produire de l'autre côté de cette porte et  inspira profondément pour reprendre un peu de confiance en elle. "Chérie, ta maman nous a suppliée de te ramener auprès d'elle, alors s'il te plaît, suis nous." La brune lui tendit la main et fut aussitôt surprise que la jeune fille la lui prit sans trop hésiter, lui décrochant un maigre sourire.

Je m’éloigne du bureau et me colle l’épaule contre le mur proche de la porte, prêt à lever mon arme au moindre danger. Je jette un regard vers Josephyne et voit que la jeune semble sortir de sous ce foutu bureau. Je pose la main sur la poignée de porte et grimace sous mes ecchymoses pour formuler un " J’passe devant. Filez à l’issue de secours. Vous ne retournez pas. Courez. J’vous suis. " Je me fige un instant et plante mon regard dans celui de Josephyne. D’une voix plus sérieuse, je souffle de nouveau " Te retournes pas. Jamais… Promets-le-moi, Joe. " Elle peut lire dans mon seul œil valide tous le sérieux que j’éprouve en cette seconde. Il en va de sa survie et de la mienne. Je ne fais pas ça par plaisir. Je ne me lance pas dans une fusillade pour éveiller quelconque sensation. Plus maintenant. J’ai bien trop à perdre à commencer par elle. Mais on est face à un guêpier. Et je sais que si je laisse l’occasion à quiconque de nous tirer dans le dos, il le fera.